Cet article est la troisième partie d’une série qu’il est conseillé de lire dans l’ordre. Pour se rendre vers la liste des articles, il suffit de cliquer ici : Retour à l’index.
L’action se passe durant les Cell Games, où Gohan se retrouve piégé face à Cell qui menace de faire exploser la Terre en utilisant son corps comme une bombe à retardement. Si Gohan tente de le frapper pour l’éliminer, il déclenchera lui-même l’explosion. Il n’y a plus rien à faire… Gokû voit tout de même une solution : se sacrifier. Un dernier adieu à ses amis et il se téléporte avec Cell chez Kaiô pour protéger la Terre de l’explosion…
Explications du code couleur :
Attaque : Les cases montrant l’attaque.
Constat : Les cases présentant le résultat de l’attaque et ses conséquences.
Distraction : Les cases qui parlent d’autre chose.
Célébration : Les cases montrant les personnages se réjouir de la victoire.
Retour : Les cases qui présagent et montrent le retour de l’ennemi.
La première chose que l’on remarque dans cette séquence c’est qu’il y a trois grands groupes de case qui se démarquent après l’Attaque. Tout d’abord une plus grande partie est consacrée au Constat par rapport aux exemples précédents. Ensuite, il y a quelques cases de Distraction, mais surtout 5 pages liées au Retour de Cell. C’est la partie maîtresse de la séquence et celle qui donne le ton.
► Constat
Cette partie commence avec un plan général du lieu de l’affrontement sur Terre. La vue aérienne extrêmement éloignée des combattants nous montre une zone complètement déserte où les personnages sont minuscules. En plus de servir de case de transition et d’exposition, cet angle de vue permet probablement aussi d’appuyer l’impuissance et le vide ressenti par les personnages après le sacrifice de Gokû.
Les cases suivantes se focalisent également sur les guerriers et leur chagrin. D’abord une case de Gohan à genoux, tremblant et le regard vide. Puis une case se focalisant sur Kurilin, Tenshinhan et Yamcha, également choqués. Gohan est seul dans sa case et l’espace plus important qu’elle occupe par rapport à celle de ses compagnons permet de mieux véhiculer la grande détresse du personnage, tout comme la caméra plus proche de lui. C’est le premier affecté par la situation. Piccolo confirme la mort de Gokû d’un air solennel, ce qui finit de dévaster les personnages.
Gohan crie par frustration dans une grande case dynamique, avant de s’écrouler en sanglots dans la case suivante. Tout le groupe se sent impuissant. Puis la scène se termine sur un autre plan général du décor, similaire à la première case dans ce qu’elle cherche à faire ressentir : le vide et l’impuissance des personnages. Mais cette fois-ci, le silence du choc dans la première case est brisé ici par les sanglots de Gohan.
Il y a ensuite une case de transition vers le groupe de Mister Satan. On nous montre la réaction du journaliste réalisant la disparition de Cell. Contrairement à leurs apparitions habituelles, ils ne sont pas là pour jouer les comiques. La scène ne fait que deux cases et il n’y a rien d’amusant. L’ambiance mise en place depuis le début de la séquence est grave, alors chercher à faire rire le lecteur ici serait hors de propos. L’apparition de Mister Satan et des journalistes ne sert qu’à rappeler leur présence et donner un point de vue extérieur sur la situation.
La scène suivante voit Kurilin s’approcher lentement vers Gohan.
► Célébration
Kurilin tente de remonter le moral de Gohan en lui montrant le positif : grâce à lui et Gokû la Terre est enfin sauvée.
Cependant, la mort de Gokû donne à la victoire un goût amer. L’ambiance n’est pas tellement à la fête alors les « réjouissances » se terminent ici avec cette unique case.
► Distraction
S’ensuit une scène de dialogue entre Gohan et Kurilin. La tentative de lui remonter le moral pousse Gohan à se blâmer pour ce qu’il vient de se passer. Kurilin essaie de le réconforter et réussit à le convaincre de rentrer.
Du côté de l’au-delà, Gokû présente ses excuses à Bubbles et Kaiô avec plus ou moins de succès.
La dernière case de la page montrant les personnages s’éloignant de la caméra vers l’horizon peut faire penser à une fin d’épisode. Elle donne à la page une ambiance d’épilogue clôturant le chapitre Cell sur une note plus légère.
► Retour
Cependant, l’histoire n’est pas encore terminée. Gokû se questionne sur l’absence de Cell dans l’au-delà. Cela met la puce à l’oreille de Kaiô : son âme devrait aussi être avec eux, ce qui veut dire qu’il est encore vivant !
Jusqu’à maintenant, il n’y avait aucun indice pouvant laisser croire à la survie de Cell. Le lecteur n’était pas censé savoir que quelque chose se tramait, les événements se déroulaient donc comme une fin d’arc classique. La mise en scène adoptait le point de vue des personnages en faisant comme si de rien n’était, parce qu’eux non plus ne se doutaient de rien. Mais à partir de cette page, la situation change. La scène de Kaiô donne au lecteur une information que les héros sur Terre n’ont pas.
Dans la case suivante, Gokû a le regard soucieux vers le bas de la page. La case sert de transition vers les héros sur Terre et donc, le regard de Gokû renvoie d’une certaine manière le lecteur vers eux, ce qui fluidifie la lecture et permet de transmettre son inquiétude pour les terriens.
► Distraction
Avec la case suivante, le lecteur est de nouveau transporté sur terre. La scène reprend exactement là où elle s’était arrêtée plus tôt, au moment où Kurilin et Gohan rejoignent le reste de la bande. Personne ne se doute du danger qui les guette.
Comme la case précédente, cette case a un rôle de transition. Grâce aux dialogues, on comprend que la situation reprend exactement où on l’avait laissée depuis la dernière scène sur Terre, rien n’a changé. Cela permet également de se réimprégner de l’ambiance avant la suite des événements. Sans cette case, le retour de Cell serait trop brusque et rendrait la lecture moins fluide.
L’angle de vue au-dessus des personnages peut également faire penser qu’on les observe et ainsi participer au ton anxiogène de la scène. Les personnages ne se doutant pas encore que Cell est en vie contrairement au lecteur, ils paraissent vulnérables, comme s’ils étaient surveillés sans le savoir.
► Retour
Soudain, une aura gigantesque prend tout le monde de court. Comme pour appuyer une fois de plus le fait que les personnages ne s’y attendaient pas, Cell réapparait derrière les héros, et tout le monde se retourne.
Une grande case nous montre l’aura gigantesque qui entoure et surplombe les héros. Une fois de plus ils sont petits et paraissent sans défense par rapport à l’échelle de la case.
À peine les personnages ont-ils le temps de reconnaître l’aura de Cell qu’une main sortant de la fumée projète un rayon d’énergie sur eux.
À ce moment-là, nous n’avons toujours pas vu Cell en entier, mais uniquement sa main projetant le rayon. Tout va si vite pour les personnages qu’ils n’ont toujours pas pu le distinguer et comprendre pleinement ce qu’il se passe. Ils n’ont aucun contrôle sur la situation et la narration adapte ce point de vue.
C’est Trunks qui se fait transpercer dans la poitrine par le rayon d’énergie. Son corps est projeté au sol sans que personne n’ait le temps de réagir. Ce n’est que dans la dernière case que Cell, fier de son entrée fracassante, parle enfin et s’en amuse.
À partir de ce moment, les personnages ont pleinement conscience du retour de Cell malgré le sacrifice de Gokû. Ce n’est donc qu’à partir de ce moment que le méchant peut être montré, fièrement debout au centre d’une pleine page.
Son corps n’affiche plus aucune blessure, il s’est totalement régénéré. Pire encore, les éclairs similaires à ceux de Gohan Super Saiyan 2 montrent que Cell est revenu encore plus puissant. Même lorsque Gokû pensait piéger Cell en se sacrifiant, cela finit par s’aggraver. Avec ce plan on ressent que la situation n’a en réalité jamais été sous contrôle.
Cette fois-ci, la révélation que l’ennemi est encore en vie arrive très tôt. En sachant que Cell s’apprête à revenir, le lecteur a plus d’informations que les personnages. L’ennemi ne ré-apparaîtra pleinement devant eux qu’au moment où les héros et le lecteur possèdent les mêmes informations, mais cela n’arrive pas avant que Cell ait déjà eu le temps de tuer l’un d’entre-eux sous les yeux du lecteur.
Contrairement aux exemples précédents, le but premier de la séquence n’est plus de surprendre le lecteur mais de créer de la tension et de l’anxiété au dépend des personnages qui sont constamment montrés vulnérables et impuissants face au danger qui les guette.
La même pirouette scénaristique est ré-utilisée dans tous les exemples que nous venons de voir, et pourtant c’est à chaque fois sous une forme et pour un ressenti différents. L’histoire peut être simple, c’est la manière de la raconter qui la rendra unique et marquante.
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